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Les Russes et leurs voitures

lundi 29 mars 2010, par Sylvette Soulié


Les Russes et leurs voitures


"On a beau dire, quels que soient les déboires de Renault avec Avtovaz, l’industrie automobile en Russie a encore de beaux jours devant elle.


D’abord, dans un élan modernisateur (ou bien imitateur ?) le pays s’est, lui aussi, lancé dans une opération « Prime à la casse » qui poursuit plusieurs buts : retirer de la circulation des épaves qui ne font qu’aggraver les dangers de la circulation automobile ; donner un coup de fouet aux ventes d’automobiles neuves de marque étrangère (vive les IDE) ou nationale (il faut bien protéger les producteurs russes), du moment qu’elles sont assemblées en Russie.

Je n’évoquerai pas le bouchons monstrueux qui paralysent non seulement Moscou , mais aussi de petites villes provinciales, comme Vologda, qui, en d’autres temps, était connu pour son beurre de grand qualité, exporté jusques en France ! Ces embouteillages sont une preuve éclatante de la gigantesque croissance du parc automobile dans ce pays. Bien sûr, et les nombreux chauffeurs bavards et impertinents que je connais se plaisent à le souligner, le colossal retard pris par la Russie dans l’infrastructure routière y est aussi pour quelque chose.

Bref, quinze jours passés à lire une presse qui me semble loin d’être muselée (Novaïa Gazeta, Nezavissimaïa Gazeta, Novoïe Vremia), à écouter deux stations de radio fort critiques (Ekho Moskvy, Svoboda), à regarder la télévision (mais oui, même la télévision s’y met), et à naviguer sur Runet m’ont convaincue de l’utilité de l’automobile, ce symbole suprême de la société de consommation, pour réveiller l’esprit rebelle et développer le sens civique des Russes.
Deux faits divers ont alimenté la chronique et provoqué un raz de marée de réactions indignées.
Le premier, tragique, puisqu’il a fait deux victimes, a mis en lumière l’abîme qui sépare en Russie le « vulgum pecus » (à vrai dire deux femmes médecins réputées) des « huiles » (en l’occurrence pétrolières). Tout, témoins oculaires immédiats, enregistrements vidéo fortuits, premières constatations policières, semblait prouver que le responsable de l’accident était bel et bien la Mercedes, une voiture de fonction munie de l’incontournable gyrophare, qui avait franchi la ligne blanche et emprunté la voie de gauche à contre-sens. Mais d’invraisemblables tentatives de brouillage des pistes ont été aussitôt entreprises. On pourra citer pêle-mêle la disparition subite et inexpliquée des enregistrements vidéo, le démontage inopiné de la plaque d’immatriculation de la Mercedes, le nettoyage précipité et énergique des lieux de l’accident, l’apparition miracle d’un nouveau témoin prétendument oculaire, présentant une version tardive des faits infirmant totalement ce qui avait été affirmé précédemment. L’affaire, en raison de ses contradictions évidentes et de l’impudence de la version officielle a fait tellement de bruit, a eu, comme disent les Russes, une telle « résonance », que l’autorité suprême, à savoir le président Medvedev, s’en est mêlée. Ordre a été donné de tirer cette afffaire au clair. Des têtes sont tombées, à la grande satisfaction d’une population excédée par l’arbitraire de la police et de son bras « routier », le GIBDD.
Cette instance, la sécurité routière, traîne une autre casserole. Un épisode rocambolesque a eu lieu sur le grand périphérique qui ceint la capitale, le MKAD. Pour mieux arrêter des « bandits » qui leur échappaient au volant de leur voiture, la police se serait servie de plusieurs automobilistes innocents et de leurs voitures, en les utilisant comme « bouclier humain ». Résultat de l’opération : échec patent, et, heureusement, seulement des tôles froissées. Mais le procédé utilisé laisse rêveur et en indigne certains. Là aussi, l’incident a fait couler beaucoup d’encre et a provoqué du coup une réaction extrêmement rapide des autorités responsables, pour essayer de sauver la face.
Ces deux exemples semblent montrer la solidarité, s’apparentant à un certain civisme collectif, qui se manifeste de plus en plus parmi les automobilistes russes.
J’y ajouterai un épisode beaucoup plus anodin dont j’ai été personnellement témoin à Iaroslavl et qui m’a laissée à la fois perplexe et admirative. Le conducteur d’une belle et confortable voiture (une Cadillac, je précise, immatriculée à Moscou) s’était imprudemment garé sur une pente verglacée. Il fut incapable de repartir. Un sympathique gaillard qui venait à passer par là et observait, goguenard, la scène, interpella deux passants pour l’aider à tirer (ou plutôt à pousser) d’affaire ce Moscovite bien imprudent. Je doute fort qu’en France notre chauffeur ait pu faire, dans les mêmes circonstances, l’économie d’une dépanneuse. Mais le plus étonnant de l’histoire, peut-être, c’est qu’il ne fut question d’aucun dédommagement, d’aucune rétribution, d’aucun remerciement autre que verbal. Au pays de la corruption généralisée l’acte gratuit existe donc encore, je l’ai rencontré ! Restons donc optimistes ! A défaut de beauté, l’automobile sauvera peut-être, sinon le monde, du moins la Russie ?"

Véronique Jobert, Mars 2010



Paysage de Khakassie - Photo : Elena Jourdan


Éditeur du site : Association Française des Russisants
Directeur de publication : Sylvette Soulié, Présidente de l'AFR
Webmestre : Sylvette Soulié