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Témoignage de Catherine de Loeper

vendredi 29 octobre 2010, par Elena Jourdan



Témoignage reçu le 25 novembre 2010

L’utilisation de la langue russe dans mon travail est récente. Je l’avais utilisée lorsque j’étais étudiante en licence de russe, puis, devenue psychologue et psychosociologue, j’ai travaillé plutôt dans l’interculturel franco-africain. J’y ai découvert ainsi que de nombreux africains ont été formés en URSS et parlent parfaitement le russe...

Installée en libéral pour du conseil, de la formation et du coaching, une partie de mon activité est en relation avec la langue et la culture russes. Je prépare et accompagne des cadres français au travail avec des Russes. Je leur apporte quelquefois des rudiments de la langue, orale et écrite, et plus largement un accompagnement à l’analyse des situations problèmes qu’ils rencontrent ou vont rencontrer.

Je fais du coaching d’étudiants russes qui sont en double diplôme en France dans une école de management, en les accompagnant dans la recherche d’un stage en France.

J’ai également une étude de cas d’une négociation d’affaires en Russie, pour former ou perfectionner des commerciaux. Elle permet de se préparer à une réalité différente et de prendre conscience de ses attentes et réflexes habituels, attentes et réflexes qui gênent pour inventer de nouvelles réponses quand le scénario n’est pas le même.

J’ai aussi une conférence sur les relations professionnelles entre Français et Russes, et une autre concernant l’apprentissage des langues pour l’enfant immergé dans les deux langues, russe et française, à la maison et à l’école.

Le russe fait partie de mes racines. Je l’ai appris en famille et à l’école russe de la paroisse orthodoxe de mon quartier, à Paris, puis à la Sorbonne en licence de russe.

Parler russe m’a permis de financer mes études. Il me suffisait de travailler quelques semaines tous les deux ans à l’UNESCO, pendant les Conférences générales. J’étais chargée de fournir les documents de travail aux délégués russophones, et responsable de la documentation de tous les interprètes de conférence.

Mon travail consiste à fluidifier les barrières entre professionnels de langues et de cultures différentes. Les langues sont des vecteurs de cultures. Beaucoup de malentendus et de difficultés surgissent du fait que l’on n’a pas les mêmes références. Par exemple, dans une entreprise française à Moscou, on m’explique que les interprètes ne savent pas traduire « transversal », l’un des termes récent du management français : « faire du transversal ». Et j’entends souvent que trouver de bons interprètes serait un problème.

La plupart du temps, le problème est mal posé. L’idée que l’interprétation pourrait être transparente est assez répandue. Et que les mots sont les mots, dans le sens que ce n’est finalement pas très important...Pourtant, quand on parle d’une usine, d’un atelier etc., selon que l’on est français ou russe, on n’a pas en tête la même réalité. C’est la même chose pour la représentation que l’on a du rôle d’un chef d’équipe ou d’un patron.

La plupart des personnes méconnaissent les enjeux de la communication et des dynamiques humaines dans les entreprises. Travailler avec un interprète est complexe. Cela peut paradoxalement alourdir les débats et rendre la communication moins spontanée, car il faut attendre la traduction. On pensait faciliter les choses, et en fait on ne communique plus. Ou bien au contraire, la traduction est simplifiée à l’extrême, et les malentendus ne sont pas élucidés, soit parce que l’on a peur de dire qu’on a rien compris, de peur de perdre la face, soit parce qu’on ne s’est pas rendu compte qu’il y avait trop d’implicite dans le message. Le résultat peut être tellement étonnant qu’il devient évident que la communication, cela vaut le coup d’y consacrer du temps.

Enfin, les langues et les cultures sont dans des rapports de force. La production industrielle et le commerce sont des guerres que mènent les nations. Dans ce contexte, celui qui parle sa langue maternelle et l’impose domine mieux son interlocuteur. Et, dans certains cas, il n’est pire sourd qui ne veut entendre : « est-ce que je vais devoir obéir à un Français ? » demandait un contremaitre ou un ouvrier russe à M. Poutine, lors d’une visite de celui-ci dans une usine en Russie. Comprendra-t-il en effet le français ou le russe parlé par son manager français, avec ou sans interprète ?

On se rend compte que l’histoire entre nations, la volonté d’en remontrer à l’autre, les rapports de force industriels ont un impact sur les situations de travail de tous les jours.

L’enseignement ou la formation à la langue, à la société et à la culture russes, mais aussi aux dynamiques humaines dans le travail, sont donc plus que jamais d’actualité. La Russie et les pays russophones sont des acteurs importants du monde économique.

Catherine de Loeper
Homo sapiens coaching
contact@homosapienscoaching.com
Tél. : 06 17 23 00 69



Un village dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004.


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