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A propos du film de Cyril Tuschi "Khodorkovski" (sortie en salles le mercredi 9 novembre 2011)

jeudi 29 septembre 2011, par Sylvette Soulié


"Khodorkovski"

Un film de Cyril Tuschi
(Sortie prévue le 9 novembre 2011)

« Comment l’homme le plus riche de Russie est devenu son plus célèbre prisonnier » figure en sous-titre de la présentation distribuée aux spectateurs lors d’une projection en avant-première du film. L’auteur, qui avait pensé un moment faire un film de fiction sur le même sujet, s’est lancé, malgré les mises en garde qui lui furent faites, les doutes et craintes qu’il eut à surmonter, dans une entreprise courageuse, à savoir un véritable documentaire, extrêmement fouillé, riche en nuances, soulignant les paradoxes et contradictions qui continuent de plomber l’avenir de la Russie.

Ce documentaire, à en juger d’après le générique, a été réalisé par des Allemands. Des Américains et des Anglais ont accepté d’y participer, notamment celui qui fut, au tout début, le premier consultant économique et juridique de la banque Menatep. On peut regretter que les Français brillent par leur absence. Cyril Tuschi a filmé en Russie, aux Etats-Unis, à Londres, en Israël. Des hommes politiques occidentaux importants, tels que le chancelier Schroeder ou le ministre des affaires étrangères Fischer, donnent leur point de vue sur l’affaire. Le premier ne voyant guère de différence entre une prison allemande et un camp de travail en Sibérie, le second constatant avec beaucoup de bon sens qu’en politique les intérêts (économiques) et les valeurs (morales) ne font pas bon ménage. Le réalisateur a filmé et interviewé des proches, la mère de Khodorkovski, très simple et émouvante, sa première femme, son fils aîné réfugié à New-York, des gens ordinaires dans la rue, mais aussi les collaborateurs les plus proches de l’oligarque, tel Nevzline, émigré en Israël, Kondaourov, officier du KGB, d’anciens ministres de Eltsine maintenant tombés dans l’oubli (Evguéni Sabourov). On voit et on entend Ilya Iachine, Irina Iassina, Igor Iourguens, André Vassiliev (le rédacteur du journal Kommersant), Boris Nemtsov, qui évoquent l’affaire Khodorkovski et en parlent apparemment avec beaucoup de franchise.

Les interviews en Russie sont prises en différents endroits qui rendent bien compte des contrastes existant dans ce pays. Les étendues enneigées de Sibérie et la silhouette d’un merveilleux monastère servent d’écrin au film, au tout début et à la fin. Mais il y a aussi les abords sinistres de la prison de Tchita, le luxe décalé de maisons vides de leurs occupants partis vers d’autres cieux, l’agitation de la rue dans la capitale, l’atmosphère avinée de bars à la mode, l’intérieur du tribunal de Khamovniki, les manifestations de défenseurs des droits de l’homme aux abords de ce bâtiment. Une interview de Khodorkovski lui-même, au tribunal, dans sa cage de verre aux côtés de Platon Lebedev, est un moment fort du documentaire.

De nombreux passages d’émissions télévisées, d’actualités de l’époque émaillent le propos.

Le témoignage le plus étonnant et aussi le plus bouleversant, à mon sens, est celui de l’ex codétenu de Khodorkovski, mouchard placé à dessein dans sa cellule et qui fut témoin à charge, me semble-t-il, au procès. Véritable personnage dostoïevskien, comme me le fit remarquer finement une amie et collègue, sorte de Smerdiakov de l’ère poutinienne, ses silences et ses non-dits en disent aussi long que ses conclusions désabusées : « Vivre coûte cher, mais la vie ne vaut pas cher », ou bien « Si j’étais dans un autre pays, je vous en dirais sans doute plus. »

Ce documentaire est à conseiller vivement à tout public, il peut sans aucun doute servir de document audio-visuel très utile pour les étudiants et permettre de revoir et de réviser nos connaissances de cette période agitée de l’histoire de la Russie. Pour ma part, j’aurai retenu ces mots de Khodorkovski qui résument la situation : « Tant qu’il n’y aura pas de société civile dans ce pays, personne ne peut être sûr de ne pas s’y retrouver un jour menottes aux poignets ».

Véronique Jobert (28 septembre 2011)



Le cours du Ienissï, dans les monts Sayans - Photo : Elena Jourdan


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