Chers Adhérents,
Le Bureau de l’AFR s’est réuni hier samedi 11 octobre 2008, en présence de Madame Françoise Duchêne, pour faire un point approfondi de la situation du russe dans le Secondaire et discuter de l’indispensable adaptation de notre association.
La situation apparaît comme très contrastée :
1.D’une part, le russe, comme le portugais, et comme sans doute d’autres grandes disciplines, dans le cadre de la réforme des lycées et de la réforme des concours de recrutement, tombe sous le coup des mesures d’économie adoptées par le gouvernement afin de réduire la dette de l’Etat. Les recteurs ne peuvent plus désormais dépasser le montant de l’enveloppe budgétaire qui leur est allouée. Les postes de professeurs partant à la retraite (30 départs en juin 2008) ne sont donc pas renouvelés, et la session d’Agrégation de 2009 n’aura pas lieu.
2. Quant à la réforme des lycées, elle se fixe entre autres comme objectif de réduire le nombre d’options, ce qui risque d’amputer les effectifs de la LV3. Des mesures d’économie sont prises partout, y compris dans les universités, où chaque demi-heure de cours doit être désormais justifiée. A Bordeaux, des élèves de classes préparatoires se retrouvent ainsi avec cinq heures de russe hebdomadaires au lieu de dix ; à Perpignan, les élèves russisants, en nombre honnête, se retrouvent sans professeur, suite à un départ à la retraite.
Sur l’analyse des causes de ce net resserrement du russe dans le Secondaire, les avis sont partagés : certains pensent que l’on s’achemine sans le dire vers l’extinction du russe dans le Secondaire à moyen terme, pour d’autres il ne faut pas tirer de conclusions hâtives et l’avenir reste ouvert, la tendance peut se renverser.
En tout cas l’AFR continuera à défendre le russe auprès des autorités de tous niveaux et à le promouvoir auprès des parents, en s’appuyant sur le succès de nos élèves aux Olympiades 2008 à Moscou, et en faisant valoir le dynamisme des échanges humains entre la France et la Russie depuis 16 ans. En effet, les Français sont plus nombreux que jamais à aller vivre et travailler en Russie. Le contraste est à cet égard saisissant et troublant entre les deux courbes depuis 1992 : la courbe ascendante du nombre de Français en Russie, et la courbe descendante du nombre d’élèves choisissant le russe dans les collèges et lycées. Et on est encore plus perplexe lorsqu’on examine ces courbes à l’époque soviétique (années 1960-1975) : faible présence humaine française en URSS et succès relatif du russe dans nos établissements scolaires ! A nous de faire comprendre cela aux parents et à leurs enfants ! Voilà une excellente manière d’adapter le système éducatif aux réalités « de terrain ».
3.Après le baccalauréat, le russe pour étudiants et adultes progresse : de plus en plus d’étudiants non-spécialistes comprennent la nécessité et l’utilité de son étude. . Dans les universités, les filières LLCE (spécialistes) sont en voie d’extinction au profit des formations de débutants et pour non-spécialistes, dont les effectifs progressent. Dans les grandes écoles (Polytechnique et autres), un plus grand nombre d’étudiants fait le choix du russe. Les écoles d’hôtellerie et de restauration sont plus nombreuses à le proposer dans leur palette de langues.
4.L’opinion publique montre un intérêt sans faille pour la Russie et semble désireuse d’accéder à des informations vérifiées et solides dans tous les domaines, culturel, économique, politique, juridique, etc…A nous de répondre à cette attente : nous avons pour cela les compétences nécessaires.
Face à cette nouvelle donne, nous avons donc décidé de donner la priorité absolue à notre nouveau site. Son hébergement est assuré par le CRDP de Versailles. Grâce au dynamisme et à la compétence d’Elena Jourdan et de notre équipe, nous pensons pouvoir l’ouvrir d’ici au 15 novembre, juste avant notre Congrès de Rennes. Toutes vos propositions, idées, votre participation seront les bienvenues. Elena Jourdan vous en dit plus dans numéro du Bulletin et nous en parlerons en détail lors de notre assemblée générale dimanche matin 16 novembre 2008 à Rennes, durant laquelle nous aurons ensemble une discussion approfondie sur la nécessaire adaptation de notre association et procéderons, entre autres, à l’élection du nouveau Comité.
J’espère que l’intérêt et l’importance de notre Congrès de Rennes (Colloque et A.G.) ne vous échapperont pas et que vous serez nombreux à venir.
A très bientôt donc,
Philippe Comte
Paris, 13 octobre 2008