Lac Baïkal - île d'Olkhon - Photo : Elena Jourdan Près d'Ekatérinbourg, le mémorial à la famille impériale. Photo Elena Jourdan Krasnoïarsk - Parc naturel "Stolby" - Photo : Elena Jourdan Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Isba restaurée - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Paysage de Khakassie - Photo : Elena Jourdan Entre Moscou et l'Oural, vue du train. Photo Philippe Comte, été 2004. Paysage typique - Sibérie- Photo : Elena Jourdan Le lac Seliguer, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. La Moscova et la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, depuis le parc Gorki. Photo Philippe Comte, été 2004. La tombe de Chaliapine - Cimetière du monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan
Un village dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Isba - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Lac Baïkal : lieu chamanique sur l'île d'Olkhon - Photo : Elena Jourdan "Entrée dans Jérusalem" (fresque) - Exposition au monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan La source de la Volga, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Lors du concours de lutte traditionnelle "hourej", dans la République de Touva - Photo : Elena Jourdan "Na prestole" (fresque) - Exposition au monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan Une église dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Le cours du Ienissï, dans les monts Sayans - Photo : Elena Jourdan Isba - Krasnoïarsk - Photo : Elena Jourdan Isba - village de Koultouk - lac Baïkal - Photo : Elena Jourdan

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« La Ville en perspective » : compte rendu du XXIIe colloque de l’Association franco-britannique pour l’étude de la culture russe

jeudi 21 juin 2012, par Sylvette Soulié


Compte rendu du XXIIe colloque de l’Association franco-britannique pour l’étude de la culture russe :
« La Ville en perspective »


Colloque des 4 et 5 mai 2012

L’université de Caen – Basse Normandie a accueilli cette année le XXIIe colloque de l’Association franco-britannique pour l’étude de la culture russe, qui s’est tenu les 04 et 05 mai 2012.

Le thème en était « La Ville en perspective » : il s’agissait de croiser les points de vue français, anglo-saxons et russes sur ce vecteur emblématique de la reconnaissance territoriale et nationale qu’est la ville, avec ses symboles, ses systèmes de représentation, les expériences sensibles et les discours (institutionnels ou subversifs) qu’elle est susceptible de générer. Ville-principauté médiévale ou république, ville-capitale, ville de province, ville coloniale, mais aussi ville-construction cérébrale, ville imaginaire, ville utopique, ville légendaire, tous ces aspects de l’espace urbain ont été étudiés à travers divers média (littérature, arts visuels, architecture, internet…). La ville comme texte et la ville comme simulacre (c’est-à-dire comme représentation élaborée d’après d’autres représentations) a également retenu l’attention d’un grand nombre de participants au colloque.

Lors des séances de la première journée, le colloque a privilégié quatre villes : Paris, Londres, Moscou et Saint-Pétersbourg. Après une allocution de bienvenue de Boris Czerny, Maître de Conférences à l’Université de Caen et co-organisateur de cette manifestation scientifique, Pierre Bergel (MCF en géographie sociale et urbaine à l’Université de Caen) a ouvert le colloque par un questionnement interdisciplinaire : « Ville et littérature, quelles géographies ? », articulé autour de trois grandes approches : la ville comme phénomène socio-politique, la ville comme forme et la ville comme réservoir de discours.

Se sont ensuite succédé deux interventions prenant Paris pour objet : Danièle Beaune-Gray (Université de Provence), présidente de l’Association, est intervenue sur « Le Paris d’Alexandre Benois avant la révolution d’Octobre » à partir des Mémoires, du Journal et de la correspondance de l’artiste russe, et Marianne Gourg-Antuszewicz (Université Paris VIII) sur « Mikhail Guerman, à la recherche d’une identité », que cet historien de l’art aujourd’hui relativement oublié a en partie trouvée à Paris, où il a édifié un « je » français corrélatif à son « je » russe.

Lors de la seconde séance, consacrée à Londres, Irina Bill (Université de Toulouse) a analysé « La représentation de Londres dans la communauté russophone » et Eva Karin Josefson (Université de Caen) s’est penchée sur « Les villes tentaculaires d’Emile Verhaeren : Londres, Bruxelles, Moscou » et sur l’influence de l’écrivain belge sur les intellectuels russes de l’Age d’argent. Cette dernière intervention a permis une transition avec la dernière séance de la journée orientée sur les villes russes, dans une approche privilégiant avant tout les images dans tous les sens du terme : représentations visuelles, artefacts, images conceptuelles ou mentales.

Catherine Géry (INALCO) est intervenue sur le film d’Alexandre Medvedkine "La Nouvelle Moscou" (1939), un conte d’édification soviétique qui hésite entre utopie et dystopie urbaine ; Maria Yelenevskaya (Technion Israel Institute of Technology) a interrogé l’image des deux capitales russes sur Ru.net ; Françoise Darnal (Chercheur indépendant) a étudié dans une perspective lotmanienne la sémiotique des trois villes qui apparaissent dans "La Dame au petit chien" d’Anton Tchékhov ; Peter Barta (Université de Surrey) a consacré sa communication à « L’imagerie urbaine dans le discours russe sur l’Empire », en montrant que depuis la chute de Constantinople, les villes russes sont « habitées par un désir de Rome », c’est-à-dire un désir impérialiste et colonialiste.

La première séance de la seconde journée du colloque a continué d’approfondir les thématiques de l’espace urbain russe. Francis Conte (Université Paris IV-Sorbonne) a présenté son projet d’exposition autour de la ville d’Odessa pour le futur MUCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à l’automne 2014 ; Odessa y apparaîtra dans ses multiples dimensions géographiques, historiques (le continuum mer méditerranée / mer noire), mythiques et « sensorielles ». Maxim Shrayer (Boston College) a analysé les « Aspects d’une cité de Crimée dans la poésie de l’Holocauste » à partir des poèmes d’Ilya Selvinski, qui fut témoin du massacre des Juifs de la ville de Kerch en 1941 et en a rendu compte dans des œuvres comme « Ja èto videl » ou « Kerč’ » ; Anna Lushenkova (Université de Nice) a proposé une « Lecture comparée des villes dans "La vie d’Arseniev" de Bounine et "A la recherche du temps perdu" de Proust » ; Graham Roberts (Université de Nanterre) a envisagé « La ville comme vecteur de l’identité nationale » à partir d’une iconographie singulière : celle des emballages de chocolat ; Tatiana Robineau-Sokolnikova (Université de Provence) a envisagé la ville de province russe archétypale sous l’angle de son élaboration ou sa reconstruction imaginaire par l’écrivain Alexeï Ivanov (Le Géographe a bu son globe et Blouda et MOUDO). La dernière séance consacrée aux villes russes s’est aventurée sur les territoires orientaux de l’Empire, avec les communications d’Hélène Menegaldo (Université de Poitiers) sur « Le Pékin russe depuis Verechiaguine jusqu’à la Seconde Guerre mondiale », de Youri Akimov (Université de Saint Pétersbourg) sur « Les premières villes russes en Sibérie », les fonctions et les spécificités de ces établissements humains lors de la toute première étape de la colonisation russe de la Sibérie au XVIe siècle, et de Véronique Jobert (Université Paris IV – Sorbonne) sur la ville de Simbirsk et la réhabilitation de l’Histoire locale dans cette région de la Volga depuis les années 1990.

La ville est bien entendu un paradigme majeur de l’utopie. La question des utopies, déjà présente dans un certain nombre de communications à l’état plus ou moins latent, a été directement abordée lors de la dernière séance du colloque, tout d’abord par Anna Akimova-Louyest (Université de Nanterre) dans une intervention intitulée « La ville dans Le Dragon de Evgueni Schwartz, entre réel et imaginaire », la ville renvoyant ici à plusieurs réalités-écran (l’Allemagne médiévale et contemporaine) qui masquent son référent principal : la réalité soviétique ; dans « Le devenir de Moscou et de Saint-Pétersbourg dans les utopies russes », Michel Niqueux (Université de Caen) a proposé un vaste panorama des utopies urbanistiques et mélioratives, progressistes ou nationalistes, de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle en Russie, pour finir par une évocation des anti-utopies qui se sont succédé dans les textes littéraires du XXe siècle ; dans « Les philosophes français du XVIIIe siècle sur la ville en perspective », Alla Polosina (Iasnaïa Poliana) a réuni Rousseau et Tolstoï dans une même haine des villes corruptrices et lieux de (dé)perdition. Enfin, Agnès Calladine (Université de Montpellier), a conclu le colloque par une franche incursion dans l’espace des légendes et des fantasmes urbains avec « La ville de Kitège dans l’œuvre de Volochine ».

Compte rendu établi par Catherine Géry , INALCO



Isba - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan


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