"Écrire ailleurs au féminin dans le monde slave au xxe siècle"
Evelyne ENDERLEIN Lidiya MIHOVA (dir.)
Ce recueil est consacré aux problèmes de l’écriture ailleurs, compris comme exil, émigration volontaire ou non, ou encore comme émigration intérieure, et il propose une réflexion sur les écrits de femmes, ce qui constitue son originalité, car les études sur la littérature de l’émigration restent la plupart du temps muettes sur les plumes féminines, nombreuses pourtant, mais laissées dans l’ombre par le dictat du canon littéraire et souvent politique. Les écrits sources sont issus du monde slave, dont la littérature, si différenciée soit-elle, reste celle de « l’autre Europe », ou encore de « l’Europe de l’Est », marquée au xxe siècle par le totalitarisme et c’est largement à ce titre qu’elle a acquis sa notoriété.
La culture de cet espace de l’exil est une mosaïque fort différenciée, mais tous les textes, issus de cultures si diverses, ont en commun leur réaction au monde moderne, qui n’échappent pas aux stigmates de l’éloignement du lieu d’origine. La vocation des écrivains émigrés est toujours celle du témoignage, souvent témoignage de l’histoire du pays d’origine. Mais ce devoir de restitution une fois accompli, reste le problème du déracinement, de l’identité.
Toutes les oeuvres mettent en scène le thème de la solitude de l’individu dont les efforts pour résorber les contradictions humaines et donner un sens à la trajectoire de sa vie se soldent par un échec, une mort choisie ou une nouvelle naissance. Dans notre monde actuel, depuis le tournant décisif des années 90 et la chute des totalitarismes, les frontières ont perdu leur étanchéité et le va-et-vient entre la terre d’origine et la terre d’accueil est devenu fréquent, souvent un nouveau mode vie. Pour toutes ces questions, il s’avère que la situation et les choix opérés diffèrent d’un individu à l’autre, mais aussi d’une sphère culturelle à l’autre. Ce recueil aborde tour à tour le monde russe, puis polonais, ex-yougoslave, enfin, pour une part assez importante, le monde bulgare. Il convient certes de s’interroger sur les similitudes ou les différences des réponses données, entre ces espaces eux-mêmes, mais aussi du point de vue du sexe du Moi scripteur.
L’ouvrage présente ainsi des textes de femmes, dans leur unicité et leur altérité, regroupés selon leur perception de l’ailleurs. Réfutant l’existence d’une écriture féminine, au profit d’écritures au féminin, les textes proposés tentent de mettre en lumière quelques réponses de femmes aux multiples questions évoquées plus haut.
Illustration de couverture : Ekaterina Nikolova, composition originale, 2012
ISBN : 978-2-343-00465-5 / 29 €
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