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"Pourquoi j’aime la littérature russe"

vendredi 17 juillet 2009, par Elena Jourdan


Texte rédigé par Laurier Fourniau, élève en hypokhâgne littéraire au lycée Camille Jullian à Bordeaux, lauréat du concours organisé dans le cadre du Féstival Gogol 2009 (1er prix du jury).

Publié avec l’aimable autorisation des organisateurs du Festival Gogol.

Le texte est publié dans sa version originale.


Pendant les vacances d’été qui précédaient ma rentrée au lycée, j’étais parti, comme chaque année, avec ma famille chez mes grands parents au bord de la plage. Malgré la beauté du lieu, je me complaisais dans une solitude pleine d’ennui, faute de camarades de mon âge. Sur le bord de mer, alors que je fixais l’horizon, perdu dans mes pensées, mon attention fut détournée par le bruissement presque sourd du sable foulé par des pas légers qui se rapprochaient de plus en plus, comme si quelqu’un se dirigeait dans ma direction. Je me retournai sans vigueur, comme animé par le réflexe inconscient de rompre l’ennui, et c’est une femme irréelle que j’avais devant les yeux : sa chevelure blonde, divisée symétriquement de part et d’autre de son béret blanc, semblait arrangée tout spécialement pour laisser entrevoir son visage d’étrangère… Enfin pas tout à fait d’étrangère ; entre occident et orient, ses yeux clairs, palette harmonieuse d’azur et de bleu nuit, étaient les prémices d’un pays de fraîcheur, et son regard profond, l’avant-goût d’un espace d’immensité. Puis elle se mit à parler dans une langue que je ne comprenais pas encore, ponctuée de « r » roulés entre douceur et rugosité, et rythmée par une prononciation chantante qui paraissait autant chargée d’images que de sens. Et je buvais ses paroles, que je libérais d’un sens figé par l’usage, persuadé de les ressentir faute de pouvoir les comprendre. Je croyais reconnaître du russe, ce que me confirma l’emploi de ce célèbre mot « da ». Son débit rapide m’enivrait jusqu’au vertige, et je souffrais de ne pouvoir répondre à ces paroles, qui de toute façon n’étaient pas des questions et surtout ne m’étaient pas adressées, car c’est à son petit chien qu’elle promenait qu’elle proférait ces quelques mots, dont la traduction m’aurait probablement déçu, compte tenu de la simplicité de la situation. Elle était si proche de moi et pourtant si lointaine ; à chacun de mes clignements de paupières, je doutais déjà un court instant que cette image, que je parais déjà de tous les mystères sibériens, fut belle et bien réelle. Et je restais inerte face à ce défilé immobile de tous les charmes de la Russie, qui s’incarnaient pour moi dans cette insaisissable représentation. Avant-goût du voyage, parfum des plaines enneigées, notre proximité si éphémère et si fortuite ne semblait servir qu’à me faire mesurer la déception de passer à côté d’un univers si intriguant, puisque déjà elle poursuivait son chemin, m’ayant à peine remarqué. Tout cela ne dura qu’un instant, un court instant qui abolit le cours du temps. Je ne savais si c’était cette femme ou bien si c’étaient toutes les images que je lui associais qui me laissaient l’amer impression de n’avoir pas su saisir l’occasion d’une rencontre.

Mais il fallait se résoudre à tourner la page. Et justement, la page suivante du livre que je tenais entre les mains me tira violemment de ce rêve éveillé. L’avais-je bien vu cette femme russe, absente de mon horizon et pourtant si présente à mon esprit ? L’ambiguïté demeure, déni d’évidence presque consenti, je l’avais seulement rencontré dans la « dame au petit chien » de Tchékhov, que j’avais pris presque par hasard dans la bibliothèque de mes grands-parents le matin même, dans un mouvement de lassitude, « sans vigueur, comme animé par le réflexe inconscient de rompre l’ennui » et le récit avait servi de décor à ma rêverie. J’avais parcouru les premières lignes d’une page ouverte au hasard dans le recueil de nouvelles au moment de la rencontre entre Dmitri Gourov et « la dame », et mon imagination avait fait le reste. Mais le passage de l’illusion à la plate réalité ne me laissait pas le sentiment d’une déception. J’avais réellement fait une rencontre ce jour-là, celle d’une enchanteresse initiatique. C’était à la fois une femme et une page de littérature qui m’avait ouvert les portes de la culture russe et je n’aspirais plus désormais qu’à pénétrer son univers. Je rouvrais le livre à la page comme pour me venger de l’indifférence que m’avait témoigné cette femme rêvée, puis je rentrai chez mes grands-parents pour continuer ma lecture…

…C этого дня я понял, что красота русской литературы меня особенно очаровает. Hа следующий год я начал изучить русcкий язык с большим удовольствием. До этого времени я бы некогда не подумал, что я выбeру русcкий как первыи язык. Это же не часто для французскoго гимназистa ! Я побоялся быть разочарованным спустя но к счастью это не произашло. Я сам задавал себе этот вопрос : почему же мне так внезапно понравились русскиe авторы ? Pазве наша французская литература не достаточно богатая ! После обучения других известных мастерoв в лицее или читав сам, я осознал, что русская литература имеет особенную силу на моем воображении : я считаю её оккутанной мистицисмoм. Даже самые реалистичиские описания, такие как на пример деревянская жизнь ХІХoго века в романах Тургенева или история завоевания Наполеона в романе Толстово Война и Мир, производят сильные впечатления : так как эти элементы для меня чужие я их не воспринимаю как реалистистические oбрaзы, обилие детальев сначало меня казались нереальными. Это совсем другой мир со своей атмосферой, это приглащение к путешествию. Я не говорю о фантастических романах или рассказах, как Мастер и маргарита Бульгаковa или даже Нос Гоголя, которые меня глубоко потрясли.

C моего точки зрения француского читателя, это чудесный мир, такой гипнотическйи, что впечатления преврaщаются в реальности, вопреки однообразной жизни, вопреки сопроваждающей меня петляющей неясности. Mне нравится эту способность изображать события как чуственный опыт, совершенно конкретный, лишенный риторики ; читая русскиx авторов, особенно описанные пеизажи, мне кажется, что я могу отодвигаться дальше от своих собственных корней, обогащая их чужим подходом.

Pусскуe мастера литepaтypы, которыx я читал меня позволили вocпринимать мир и ежедневнyю жизнь по-другому, кодга всё вокруг дышит волнами монотонной cкуки, как для героя Достоевского который пишет из своего подвала, oни позволили выслеживать бессобытийные картины, скрывающие почву для лишного. Mне сразу нравилось анализировать как литература может адаптироваться к любой ситуацией, на пример как литература реагировала перед советскoй реальностью, в том заключается спесифичности русской атмосферы в советском и сейчас в пост-советском периоде. Кроме литературы, мне затрагивают тоже русская культура, язык, мелодия слов и я мечтаю oткрить по-настоящему места и романов, которые я люблю.



Isba - village de Koultouk - lac Baïkal - Photo : Elena Jourdan


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