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Témoignage de Laurent Lenoir

jeudi 6 juillet 2017, par Myriam Truel

Laurent Lenoir, chargé de mission politique au Consulat de France de Saint-Pétersbourg : le russe pour changer d’horizon.


L’Association française des russisants : Bonjour, M. Lenoir. Vous travaillez au Consulat de France à Saint-Pétersbourg. En quoi consiste votre mission ?
Laurent Lenoir : Mon rôle est d’assister le consul général dans différentes missions (participation aux conférences, séminaires, cérémonies officielles…) et d’assurer une veille de l’activité politique et économique du district fédéral du Nord-Ouest. Par exemple, je rédige des notes et des comptes rendus. Je suis également chargé de suppléer l’adjoint du consul général pour l’administration de la communauté française résidant dans le district et l’assistance consulaire aux Français en difficulté (perte/vol de documents, hospitalisations, détentions, décès...).

AFR : Vous parlez donc parfaitement russe ? Comment avez-vous atteint ce niveau ?
Laurent Lenoir : Je le maîtrise couramment, mais je fais toujours certaines fautes récurrentes
J’ai appris le russe par correspondance après le lycée, via le CNED. J’ai passé un DEUG [ancien L2] par correspondance à l’université de Lille 3, puis une licence [L3] par correspondance à l’université de Toulouse (l’université de Lille 3 ne proposait pas la licence par correspondance). J’ai eu beaucoup de cours particuliers en Russie avec une très bonne prof qui m’hébergeait et qui m’a inscrit à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg, où elle travaillait. J’ai poursuivi ensuite mes cours à l’Université d’Etat.

AFR : C’est la connaissance du russe qui vous a donné envie de travailler en Russie ?
Laurent Lenoir : Le russe a été un déclencheur à un moment de ma vie où j’ai voulu changer d’horizon. Sans ce goût pour la langue, je ne serais probablement jamais venu en Russie, sans le russe je n’aurais jamais eu les opportunités d’emploi qui m’ont permis de rester et de gagner ma vie.

AFR : A-t-il été facile pour vous de vous installer en Russie ?
Laurent Lenoir : A mon arrivée en Russie en 1997, je n’ai pas pu trouver immédiatement de travail, mon niveau de russe parlé étant encore insuffisant. Il m’a fallu encore 6 à 8 mois pour pouvoir me sentir à l’aise et tenir une conversation.
Un exemple pour vous montrer que mon niveau de russe laissait à désirer quand je suis arrivé : mes parents m’avaient envoyé un colis par la poste. Je voulais le récupérer, mais mon passeport était à l’enregistrement et je n’avais qu’une copie. Comment expliquer cela à « l’aimable postière » qui ne voulait rien savoir et qui ne me comprenait pas ? Au bout de dix minutes, une brave babouchka qui attendait derrière moi dans la queue a pris les choses en main et a expliqué pour moi la situation et j’ai eu mon colis sans présenter mon passeport (on me répétait toujours ce proverbe « нет паспорта, нет человека ! », « sans passeport tu n’es personne ! »)
J’ai commencé par des petits boulots de traduction, des cours de français tout en poursuivant une remise à niveau à la fac de philologie de l’université d’état de Saint-Pétersbourg. J’ai décroché ensuite un poste de responsable de la médiathèque de l’Institut Français (1999 à 2004), avant d’être engagé au consulat en 2004 jusqu’à ce jour - agent visas, puis administration des Français (j’accompagnais les Français de Saint-Pétersbourg dans leurs démarches administratives), puis chargé de mission politique. Dans les diverses fonctions, le russe s’est avéré un atout majeur à l’embauche et essentiel durant l’activité professionnelle.

AFR : Bien parler russe est donc un vrai atout dans la vie professionnelle ?
Laurent Lenoir : Bien-sûr, cela vaut la peine de l’étudier, même parallèlement à une première langue étrangère comme l’anglais et l’allemand. Le russe reste encore maîtrisé dans les pays de l’ex-URSS et permet de se faire comprendre et de dialoguer en Europe de l’Est ou en Asie centrale. La Russie est un pays aux nombreuses opportunités, notamment en matière d’emploi, mais le russe est indispensable ou le devient rapidement.
Je complèterai aussi en disant que l’apprentissage d’une langue morte peut apporter beaucoup : le latin et ses déclinaisons m’ont énormément aidé pour le russe.

AFR : Un ou deux souvenirs marquants de situations où parler russe vous a tiré d’affaire ?
Laurent Lenoir : Avec les policiers qui vous soudoient un bakchich, cela m’a été très souvent utile : pour faire comprendre que c’est trop, que vous n’avez pas les moyens ou que vous n’avez rien fait ! Il m’est arrivé de blaguer en russe avec un policier et cela a suffi pour me tirer d’affaire.
J’ai aussi « grugé » pas mal de fois au Mariinski et dans les musées en faisant croire que j’étais russe pour ne pas payer le tarif étranger (les Russes bénéficient d’un tarif réduit). Les caissières et « les hôtesses d’accueil » me regardaient d’un œil bizarre, mais me laissaient passer. J’apprenais des phrases simples que je pouvais restituer sans trop d’accent (on m’a même dit que j’avais un accent tchétchène !).



Le cours du Ienissï, dans les monts Sayans - Photo : Elena Jourdan


Éditeur du site : Association Française des Russisants
Directeur de publication : Sylvette Soulié, Présidente de l'AFR
Webmestre : Sylvette Soulié