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Témoignage d’Arnaud Dubien

mercredi 15 mai 2019, par Myriam Truel

Arnaud Dubien est directeur de l’Observatoire franco-russe, centre d’analyse de la Chambre de commerce et d’industrie France-Russie, qui a pour mission de produire une expertise approfondie sur la Russie et de sensibiliser les décideurs russes aux réalités et enjeux de la France d’aujourd’hui. 


AFR : M. Dubien, la maîtrise du russe a-t-elle été importante dans votre carrière ?
Arnaud Dubien  : toute ma vie tourne autour de la Russie. J’ai étudié le russe à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) tout en suivant mon cursus à l’Institut des Sciences Politiques de Paris. C’est le russe qui m’a distingué dans mon parcours personnel et professionnel. Grâce à ma connaissance de la langue, j’ai été recruté comme interprète à Médecin sans frontière en Tchétchénie, où j’ai rencontré mon épouse. Ensuite, à 24 ans, je suis entré à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). J’y ai travaillé 7 ans, jusqu’en 2006, après quoi j’ai dirigé plusieurs publications consacrées à l’espace post-soviétique, notamment l’édition russe de la revue Foreign Policy et les lettres confidentielles Russia Intelligence et Ukraine Intelligence, des publications destinées aux acteurs ayant des intérêts en Russie et en Ukraine. Depuis 2012, je dirige l’Observatoire franco-russe.

AFR : On imagine que la Russie est un rêve d’enfance pour vous ?
Arnaud Dubien : Non, j’ai commencé à apprendre le russe par hasard, en LV3 au lycée à la fin des années 1980, à une époque où l’apprentissage du russe était plus courant qu’aujourd’hui. Je voulais entrer à Saint-Cyr et on m’a recommandé d’étudier le russe. J’ai eu la chance d’avoir pour enseignant un homme très cultivé qui m’a donné le goût de la langue et du pays. C’est dire le rôle que peut jouer un professeur dans une carrière !

AFR : Comment, sans origines russes, êtes-vous parvenu à maîtriser le russe presque comme votre langue maternelle ?
Arnaud Dubien : J’avais de bonnes bases à la sortie du lycée. J’ai passé un an à Saint-Pétersbourg en 1992, après le baccalauréat. Je travaillais beaucoup le russe et je le pratiquais, y compris en regardant la télévision. Au bout de deux mois, je comprenais les infos. J’ai perfectionné ma connaissance du russe à l’INALCO. Le russe est une langue difficile, mais pas autant que le chinois, par exemple : on reste sur des structures mentales européennes.

AFR : Est-il à votre avis pertinent d’apprendre le russe aujourd’hui ? N’y a-t-il pas en France un désintérêt pour la Russie ?
Arnaud Dubien : Il y a des modes dans l’apprentissage des langues. Aujourd’hui, ce sont le chinois et le japonais. La Russie n’a pas très bonne presse en France. Elle est victime d’une mauvaise image souvent entretenue à dessein. De plus, elle est vue comme moins porteuse sur le plan professionnel que la Chine. Se lancer dans l’apprentissage du russe n’est donc pas un choix simple. Pourtant, la Russie fait naître des parcours intéressants, atypiques. La Russie suscite des passions ! Et elle est porteuse : on a besoin de locuteurs russophones sans origines russes, y compris dans l’enseignement. Bien sûr, le russe n’ouvre pas de boulevards professionnels. La porte de l’enseignement est étroite. La voie la plus porteuse me semble de conjuguer l’apprentissage du russe avec un cursus dans une bonne école de commerce ou, pour ceux qui s’intéressent à la diplomatie, à Sciences Po.

AFR : Et quelles sont les opportunités professionnelles qu’offrent de telles formations ?
Arnaud Dubien : Il faut préciser que la relation économique franco-russe se porte bien malgré les sanctions. Il y a donc des opportunités pour les personnes ayant une solide formation commerciale et maîtrisant couramment le russe. Attention, je dis bien couramment : il faut être autonome pour faire la différence. Aujourd’hui, il est difficile de faire carrière en Russie sans parler russe. N’oublions pas qu’il y des Russes de bon niveau dans tous les domaines. Le russe doit être appris dans la perspective de le maîtriser réellement bien, comme c’est d’ailleurs le cas de toute langue.



Près d'Ekatérinbourg, le mémorial à la famille impériale. Photo Elena Jourdan


Éditeur du site : Association Française des Russisants
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Webmestre : Sylvette Soulié