Résumé
De nos jours, il est commun d’évoquer une « nouvelle Guerre froide », pour donner un nom au retour de tensions entre la Russie et l’Occident, voire d’un renouveau du conflit. Bien que les moyens de communication aient évolué depuis les années 1940, les imaginaires forgés par les médias de chaque côté du « rideau de fer » demeurent à peine inchangés. Dans ce cadre, cet ouvrage espère contribuer à une reconstitution documentée d’un fragment de l’histoire des relations franco-soviétiques et, plus largement, franco-russes. Au travers de l’étude de nombreux documents d’archives inédits, il reconstitue la fabrication de l’information dans les médias soviétiques. La lecture des relations multiséculaires entre la Russie et l’Occident veut qu’un rapprochement soit suivi de tensions avant de déboucher sur la création de nouveaux liens. De ce point de vue, cette recherche propose une chronologie « optimiste », s’ouvrant sur les années de « vaches maigres » du stalinisme tardif (1945-1953), lors desquelles se forge une image de la France, fragment d’une nouvelle identité soviétique qui survivra à la période stalinienne. Ensuite, après 1953, s’engouffrant dans une brèche idéologique laissée après la mort de Staline, les nouveaux acteurs des relations franco-soviétiques font reluire l’image de la France. Ce sont ces représentations actualisées, à l’origine d’une nouvelle vague de gallomanie chez les Soviétiques dans l’après-guerre, qui sont au coeur de cette étude.
Dimitri Filimonov, Raconter la France aux soviétiques. Une histoire du journalisme international en URSS entre 1946 et 1958, Éditions du Cerf, coll. Patrimoines, 2021.