La Moscova et la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, depuis le parc Gorki. Photo Philippe Comte, été 2004. Paysage de Khakassie - Photo : Elena Jourdan Isba - Krasnoïarsk - Photo : Elena Jourdan Paysage typique - Sibérie- Photo : Elena Jourdan Un village dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Près d'Ekatérinbourg, le mémorial à la famille impériale. Photo Elena Jourdan Krasnoïarsk - Parc naturel "Stolby" - Photo : Elena Jourdan "Na prestole" (fresque) - Exposition au monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan Un lac dans les Sayans - Photo : Elena Jourdan Lac Baïkal : lieu chamanique sur l'île d'Olkhon - Photo : Elena Jourdan Isba - village de Koultouk - lac Baïkal - Photo : Elena Jourdan
Isba restaurée - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Lors du concours de lutte traditionnelle "hourej", dans la République de Touva - Photo : Elena Jourdan La tombe de Chaliapine - Cimetière du monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan Isba - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Le monastère de Torjok, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Une église dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. La Moscova à Moscou, monument à Pierre le Grand de Tsérétéli. Photo Philippe Comte, été 2004. La source de la Volga, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Lac Baïkal - île d'Olkhon - Photo : Elena Jourdan La place centrale de Torjok, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Entre Moscou et l'Oural, vue du train. Photo Philippe Comte, été 2004.

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La Revue russe 59 - Résumés des articles

mercredi 28 décembre 2022, par Sylvette Soulié


Françoise DAUCÉ
Volontaires pour la guerre ?
Bonnes actions et mauvaises causes des bénévoles en Russie

Depuis l’adoption d’une loi sur le volontariat en 2018, l’État russe soutient les « bonnes actions » de jeunes citoyens mobilisés au service d’initiatives socialement utiles. Dans le cadre du programme #Myvmeste, ce soutien est particulièrement notable lors de la pandémie de Covid 19 pour venir en aide aux plus fragiles. Il permet de valoriser les nouveaux « héros de notre temps » qui s’illustrent par leur bienfaisance. Une fois la guerre venue, la mobilisation des volontaires est réorientée vers des buts militaires (aide aux familles des mobilisés et à l’occupation des nouveaux territoires annexés). Du volontariat sanitaire au volontariat militaire, les bénévoles du programme #Myvmeste glissent ainsi naturellement des « bonnes causes » aux « basses oeuvres » de l’État russe.

Jules Sergei FEDIUNIN
Classer les populations de Russie au prisme du nationalisme : bataille sémantique autour d’un amendement constitutionnel

Cet article revient sur le débat survenu autour de la dénomination de la communauté qui sous-tend l’État russe, à l’occasion de la révision constitutionnelle de 2020. Après un aperçu du contexte de la réforme, il est question d’examiner les traitements suggérés du terme de « peuple multinational de la Fédération de Russie » [многонациональный народ Российской Федерации], inscrit dans la Constitution russe de 1993. L’article analyse deux visions principales du nationalisme, l’une se voulant « civique » et l’autre ethnique ou ethnocentrique, chacune d’entre elles portant un projet identitaire censé succéder à l’actuelle définition de la société politique russe. Si le premier projet avance la notion de « nation russienne » ou « de Russie » [российская нация] et met l’accent sur le principe de l’unité et non celui de la diversité, le second rejette cette optique au profit d’une définition de la majorité ethnique [русские] comme le seul « peuple porteur de l’État » [государствообразующий народ], au détriment des populations minoritaires. L’article se termine par une analyse de la solution d’ambiguïté proposée par le régime de Vladimir Poutine, qui consiste à réaffirmer le terme de « peuple multinational » tout en faisant entrer dans la Constitution celui de « peuple porteur de l’État », dont le référent reste flou.

Liudmila SHARAEVA
Classification des types de censure culturelle dans la Russie contemporaine (19912019)

Après avoir analysé plusieurs cas de censure dans la Russie contemporaine, principalement dans le champ de l’art contemporain, nous avons catégorisé les critères de censure selon lesquels les autorités bloquent directement ou indirectement une oeuvre ou un artiste en critères politiques, idéologiques, religieux et moraux. Nous arrivons à la conclusion finale que ces critères étaient largement conjoncturels et que la classification était arbitraire, car derrière tous les cas de censure examinés, il y avait un État qui utilisait divers arguments pour exercer un contrôle sur la culture et, partant, sur la société.

Liliya DYACHENKO-ESCALLE
Les Aventures bibliographiques d’Alexeï Remizov à Paris : La création de son livre sur la littérature russe Le Feu des choses

Cet article examine comment Alexeï Remizov a effectué des recherches de références bibliographiques et de matériaux sur la littérature russe pour l’écriture de son livre Le Feu des choses. Songes et somnolence [Огонь вещей. Сны и предсонье]. Rédigé à Paris où l’écrivain était exilé, cet ouvrage y est paru en 1954. Il se présente comme une classification des rêves qui figurent dans des textes du canon littéraire russe du XIXe siècle (Pouchkine, Gogol, Dostoïevski…). Le livre prend la forme d’un collage alternant de longues citations et des commentaires ajoutés par Remizov. Compte tenu de la pauvreté de l’écrivain et des conditions difficiles d’émigration, l’accès aux livres en russe était un véritable défi. Sans l’aide des amis bibliophiles de l’auteur, Le Feu des choses n’aurait en effet jamais pu voir le jour. Une étude de la genèse collective et du statut ambigu de ce livre s’avère donc nécessaire. Par ailleurs, l’exemple du Feu des choses nous rappelle le rôle incontournable que jouent dans le processus littéraire les bibliothécaires et les bibliophiles, des personnages pourtant souvent relégués à la marge des études consacrées à l’écriture et à la création.

Daria TEREBIKHINA-NOËL
Quelques exemples d’énumérations de non-lieux dans les récits d’exil autobiographiques de la troisième vague d’émigration russe

Plus qu’un simple décor de la narration, un lieu peut être le centre et le principe d’organisation d’un récit. Cet article analyse deux romans autobiographiques d’écrivains de la troisième vague d’émigration russe, Le Livre de l’eau d’Edouard Limonov et Adresse de retour d’Alexandre Guenis, structurés non pas sur le plan chronologique, mais selon le critère de la localisation. En énumérant les lieux importants de la vie des deux écrivains, et surtout les lieux clés d’une trajectoire commune à une grande partie des émigrés de la troisième vague, les écrivains ont construit une narration inspirée du voyage sentimental du XVIIIe siècle et, en même temps, de la narration non linéaire postmoderniste qui brise les codes du genre. En décrivant principalement les non-lieux du pays d’accueil, les auteurs accentuent la description de leur position précaire et fragile en dehors de leur pays d’origine, mais ils insistent aussi sur la description de ces mêmes non-lieux afin de créer une mémoire commune en exil et de remplir les blancs de leur nouvelle vie loin de leur patrie.

Lorène EHRMANN
Le théâtre russe sur les scènes françaises depuis 1991.
Étude comparée de deux manifestations culturelles dédiées à la Russie :
La Saison russe 1994 L’Année croisée France-Russie 2010

En 1991, la Russie était perçue en Occident comme une terre de légendes du théâtre. Cette fascination est-elle restée intacte au cours des trente dernières années ? Une étude statistique sur la programmation de textes russes dans les théâtres français indique deux tendances différentes, à savoir une tendance à la hausse de 1991 à 2007 et une tendance à la baisse de 2007 à 2020. Un événement majeur de la politique culturelle française à l’égard de la Russie correspond à chacune de ces périodes : la Saison russe de 1994 et l’Année croisée France-Russie 2010. Mais l’Année croisée 2010, qui était une coopération beaucoup plus large que la Saison russe en termes de ressources, de nombre de partenaires et de niveau de programmation, s’est accompagnée d’un etendnace à la baisse. Quels facteurs peuvent expliquer ce paradoxe ?

Kateryna LOBODENKO
Les étrangers dans le cinéma soviétique des années 1920 – 1930 : l’Amérique et les Américains

L’autrice de l’article s’intéresse à la manière dont le cinéma soviétique des années 1920-1930 dépeint l’Autre, une personne d’origine étrangère, son pays et sa culture. Elle prend comme exemple les représentations de l’Amérique, des Américains et des Afro-américains en URSS et tente de répondre à la question suivante : comment les films de cette époque et leurs personnages s’insèrent-ils dans le discours de la propagande soviétique ? L’auteure tâche de cerner les spécificités des représentations de l’étranger à l’écran soviétique et constate l’ambivalence de ces représentations. Qu’il s’agisse d’un pays ou d’une personne, les étrangers suscitent aussi bien la fascination que des critiques. Un travailleur sera toujours figuré avec plus de compassion que son supérieur, souvent montré en oppresseur, et la vie à l’étranger sera perçue tantôt comme un beau rêve, tantôt comme un cauchemar. Un paradis socialiste est créé à l’écran et cette pure fiction de propagande, contraste, dans beaucoup de films, avec la dure réalité des pays capitalistes.

Mona CLARO
Ni hasard, ni projet.
Genre, sexualité et procréation pendant la jeunesse en Russie (années 1970 – années 2010)

Cet article résume certains des principaux résultats d’une thèse de sociologie portant sur les parcours d’entrée dans l’âge adulte en Russie ; elle se focalise sur les dimensions de la sexualité, de la conjugalité et de la procréation, et sur les parcours des femmes. Cette thèse compare les parcours de la dernière génération soviétique (devenue adulte pendant la « stagnation » brejnévienne) et de la première génération post soviétique (devenue adulte sous Poutine), et analyse les dimensions genrées du processus d’allongement de la jeunesse observable en Russie depuis la chute du communisme (sur fond de diffusion des méthodes contraceptives les plus efficaces). Cette thèse se focalise sur la classe moyenne urbaine, soit le groupe social le plus enclin à repousser le premier enfant. Elle repose sur une quarantaine d’entretiens, complétés par l’analyse de corpus de presse et de statistiques de cadrage. Elle montre que par rapport à leurs mères, les jeunes femmes post soviétiques sont à la fois mieux protégées (au sens de la contraception) et moins bien protégées (au sens des protections sociales). Vu les conditions d’emploi et d’accès au logement, elles restent très dépendantes des solidarités familiales, et, de ce point de vue, les jeunesses russes ressemblent en partie à celles du sud de l’Europe.

Alexandr LUTSENKO
(In)soumissions en direct. Enquête sur la production d’une autorité
"absolue" du chef de l’État dans la Russie contemporaine (1990-2018)

Comment se constitue un pouvoir politique réputé "absolu" là où dans la séquence historique immédiatement antérieure le chef de l’État ne jouissait pas d’une position prééminente ? En s’inspirant de la démarche éliasienne, mais aussi de la sociologie pragmatique et de certains apports de l’ethnométhodologie, l’ambition de cette thèse est de comprendre, d’une manière sociologique, comment, en l’espace d’à peine deux décennies, un rapport de domination politique particulièrement marqué a pu s’instaurer en Russie entre le chef de l’État et les magnats de l’économie. Pour répondre à cette question, la thèse se concentre sur une forme particulière de cérémonial où la déférence à l’égard du chef de l’État peut être observée publiquement, notamment par des interviews télévisées avec des membres des élites économiques. L’enquête démontre que la domination du chef de l’État repose pour une part essentielle sur la croyance collective, partagée au sein des élites, en un ensemble de règles – un pacte – valant prescription de la façon dont il convient de traiter la personne du président dans l’espace public. La thèse montre ensuite la place centrale qu’occupent les médias dans la reproduction de l’ordre politique aujourd’hui en Russie. Ceux-ci se présentent comme le théâtre


Camille ROBERTBOEUF
Les jardins collectifs : entre urbanisation de la campagne et agrarisation de la ville.
Mise en regard de l’Île-de-France et de Kazan

La thèse étudie la manière dont les jardins collectifs en France et en Russie entretiennent et renouvellent les relations ville-campagne. À l’échelle locale, si les jardins sont d’abord des espaces domestiques, de l’ordre de l’intime, ils renvoient aussi à la construction d’une communauté qui se fonde sur le travail agricole et des réseaux de solidarités entre jardiniers. Ces communautés se produisent des jeux de normalisations et des tensions entre différentes générations de jardiniers. À l’échelle métropolitaine, les jardins affirment une agrarisation de la ville à travers la création de modes d’habiter agri-urbains et de passerelles entre acteurs. Enfin, les lopins participent au maintien d’un foncier agricole dans la ville en dépit de l’étalement et de la densification. La mise en regard francorusse soutient tout particulièrement une réflexion sur l’affirmation d’un droit à la terre en regard du droit à la ville pour les populations précaires.



Le lac Seliguer, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004.


Éditeur du site : Association Française des Russisants
Directeur de publication : Sylvette Soulié, Présidente de l'AFR
Webmestre : Sylvette Soulié