En décembre 2006, fut rendue publique l’étude intitulée "Incidences du manque de compétences linguistiques des entreprises sur l’économie européenne" (ELAN), commandée par la direction générale Education et Culture de la Commission européenne en décembre 2005.
Elle a été réalisée par le CILT (Centre national des langues britannique) en collaboration avec InterAct International et une équipe de chercheurs internationaux.
Cette étude avait pour objectif de donner à la Commission et aux décideurs des Etats membres des informations pratiques et des analyses quant à l’utilisation de compétences linguistiques dans les PME et à son incidence sur les résultats commerciaux.
Principaux résultats de l’étude ELAN
• Les entreprises européennes perdent de nombreux marchés faute de compétences linguistiques. Sur la base de l’échantillon qui a servi à cette étude, on estime que 11 % des PME européennes (945 000 entreprises) du secteur de l’exportation subissent sans doute un manque à gagner pour cette raison.
• L’étude met en évidence l’existence d’un rapport direct entre langues et bons résultats à l’exportation. Plus précisément, elle distingue à cet égard quatre mesures de « gestion linguistique » : adoption d’une stratégie de communication multilingue, recrutement de locuteurs natifs, recrutement de personnel possédant des compétences linguistiques et recours à des traducteurs et à des interprètes. Chaque
PME du secteur de l’exportation pourrait engranger des profits plus que substantiels si elle appliquait une ou plusieurs de ces mesures.
• Si l’anglais ouvre la porte des marchés de l’exportation, les résultats de l’étude donnent à penser que l’idée très répandue selon laquelle l’anglais est la langue universelle pèche par simplisme et que le tableau est bien plus complexe : le russe est très utilisé en Europe de l’Est (avec l’allemand et le polonais), le français est la langue des négociations commerciales en Afrique, et il en va de même pour
l’espagnol en Amérique latine. Quant aux partenariats commerciaux à plus long terme, ils dépendent de l’instauration de relations et de la gestion de celles-ci, deux démarches qui exigent une connaissance de la culture et de la langue de l’« autre » pays.
L’étude ELAN démontre que le russe est non seulement une langue de culture, mais aussi une des principales langues de communication dans les échanges internationaux.
En effet, le pourcentage des langues les plus utilisées par les entreprises sur les marchés d’exportation s’établit ainsi (p. 23) :
anglais 51 %
allemand 13 %
français 9 %
russe 8 %
espagnol 4 %
Concernant les langues dont les entreprises interrogées ont affirmé avoir le plus grand besoin dans les années à venir, elles se répartissent de la façon suivante (p. 42) :
anglais 25,84 %
allemand 17,8 %
français 13,2 %
russe 11,7 %
chinois 4 %
Dans les conclusions de l’étude ELAN, on trouve entre autres les recommandations suivantes :
- Accorder plus d’importance à l’apprentissage des langues à tous les niveaux des systèmes d’éducation et de formation.
- Mieux répondre aux besoins des employeurs :
- par un élargissement de l’éventail des langues enseignées, notamment dans les filières du troisième cycle et de l’enseignement professionnel,
- par une meilleure adaptation des cours et des qualifications au contexte de l’entreprise,
- par l’inclusion dans des cursus associant langues et autres matières en rapport avec l’entreprise de stages professionnels à l’étranger assortis de la possibilité explicite de pratiquer la langue cible,
- par le recours à plus de souplesse, face aux besoins fluctuants des
employeurs.
- Améliorer la disponibilité d’interprètes et de traducteurs spécialisés dans des langues moins communément enseignées, comme le chinois, l’arabe, le russe (en Europe occidentale) et le japonais.
- Inciter expressément tous les étudiants du troisième cycle à consacrer une période de mobilité à un séjour dans un pays européen.
Pour compléter les informations fournies par l’étude ELAN, ajoutons que le russe figure parmi les dix langues les plus importantes sur Internet en nombre de locuteurs, à égalité avec l’arabe :
"Selon les dernières données officielles publiées par le ministère russe des communications, le nombre d’internautes devrait croître de plus de 30 % en Russie cette année [année 2008], pour atteindre 46 millions d’utilisateurs, contre 35 millions fin 2007. Des chiffres auxquels s’ajoutent autant d’utilisateurs russophones au sein de la diaspora et dans les régions limitrophes de la Russie (Ukraine, Pays baltes, etc.), ce qui place la langue russe parmi les dix langues les plus importantes sur Internet en nombre de locuteurs, à égalité avec l’arabe et le portugais."
(Le Monde, 26 février 2008 : "De plus en plus d’internautes", par Alexandre Billette)
Aussi, la connaissance du russe ouvre-t-elle des débouchés professionnels, surtout si elle est liée à la connaissance d’une autre discipline.