La Société française d’histoire politique (SFHPO) et le Centre de recherche Europes-Eurasie (CREE-Inalco) organisent le 7 novembre 2025 une journée d’étude sur le thème : “Carcéralité(s) politique(s) en Europe centrale, orientale et balkanique aux XXe et XXIe siècles”.
Journée d’étude – Appel à communication. Carcéralité(s) politique(s) en Europe centrale, orientale et balkanique aux XXe et XXIe siècles
La privation totale ou partielle de la liberté d’aller et de venir constitue un des moyens les plus courants de la répression politique. Qu’elle prenne la forme d’une relégation stricte ou d’une assignation à résidence, qu’elle se double ou pas de mauvais traitements, elle répond à la nécessité pour un pouvoir de limiter les effets d’une contestation sur le corps social et politique sur lequel il exerce son autorité. La sévérité du régime de privation de liberté dépend donc à la fois du niveau de la menace estimée par les pouvoirs publics, mais aussi de la nature et du degré de répression que ces derniers sont résolus à exercer sur leurs opposants. Si l’existence de prisonniers politiques n’est pas l’apanage des dictatures ou des pays autoritaires, elle reste fortement corrélée à l’affaissement des libertés publiques et individuelles et à l’exercice d’une forme d’arbitraire. Elle est donc plus courante là où la règle de droit, d’essence démocratique, est inexistante ou particulièrement affaiblie. Elle peut néanmoins prendre des formes très variées selon les situations ou les périodes considérées.
Les conflits et/ou les transformations soudaines et radicales des régimes politiques vers des expériences autoritaires – une réalité qui concerne particulièrement l’Europe centrale, orientale et balkanique au XXe siècle – sont ainsi propices au surgissement des prisonniers politiques, que l’on songe aux expériences révolutionnaires communistes de la fin de la Première Guerre mondiale, à l’avènement de régimes fascistes, autoritaires et dictatoriaux dans les années 1930, ou enfin à la soviétisation d’une large partie de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.
Si l’emprisonnement des opposants répond à une nécessité identifiée par un régime politique, il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle. Les victimes de la répression peuvent en effet s’en saisir comme d’un moyen contribuant à populariser avec succès la lutte engagée. L’expérience de la carcéralité contribue également à la politisation des acteurs, que ce soit par la diffusion de pratiques collectives ou par l’élaboration théorique ou doctrinale qu’elle alimente.
Cette journée d’étude a ainsi pour ambition d’interroger :
le sens et la nature des carcéralités politiques selon les types de régimes ou les périodes ;
le rôle des acteurs des carcéralités politiques, qu’il s’agisse en premier lieu des prisonniers politiques, de leur image ou de leur statut pendant et après leur captivité, de la légitimité que confère la détention politique, ou encore des administrations et des pouvoirs politiques à l’origine de ces mises en détention ;
la place des lieux ou anciens lieux de captivité comme espace de politisation ou comme source d’identité politique et/ou de conflits mémoriels ;
les productions politiques en milieu carcéral.
En étendant à dessein le champ chronologique au XXIe siècle, les organisateurs souhaitent faire dialoguer histoire et science politique et encouragent les éventuels contributeurs à se saisir des enjeux très contemporains de cette question à travers la situation de certains pays installés aux marges de l’Europe politique (Belarus, Ukraine, Moldavie…).
La journée d’étude se déroulera le vendredi 7 novembre 2025 à la maison de la recherche de l’Inalco, 2 rue de Lille (Paris, 7e).
Les candidats transmettront le 21 avril 2025 au plus tard, par courriel, aux organisateurs un rapide résumé de la présentation envisagée (2 000 signes maximum) accompagné d’un curriculum vitae académique comportant une notice biographique et bibliographique (2 pages maximum) à : matthieu.boisdron@gmail.com ;adrien.nonjon@gmail.com. L’examen de la candidature sera réalisé par le comité scientifique.
Certains frais, notamment de transport, pourront éventuellement être pris en charge par les organisateurs. Les contributeurs venant de l’étranger seront néanmoins prioritaires au regard des fonds disponibles pour la mise en œuvre de cet événement scientifique. Nous invitons donc les participants à solliciter également leur organisme de rattachement.
Organisateurs et partenaires :
• SFHPo – Société française d’histoire politique.
• Inalco / CREE – Centre de recherche Europes-Eurasie.
Organisateurs : Matthieu Boisdron et Adrien Nonjon