Extrait du Bulletin de l’Association Française des Russisants n°48
Décembre 2009
La réforme du lycée : quoi de neuf pour les langues vivantes ?
Intervention d’Hélène MEAR, secrétaire générale de l’AFR,
à l’Assemblée Générale du 21 novembre 2009
Le contenu de la réforme du lycée, chantier repris par Luc CHATEL, vient juste d’être dévoilé lors d’une conférence de presse ce jeudi 19 novembre.
J’emprunte au Journal LE MONDE du 20 novembre 2009 les orientations générales, telles qu’elles sont perçues par le grand public :
1- Accompagnement et soutien : 2 heures d’accompagnement personnalisé pour tous les élèves pendant les 3 ans du lycée.
2- En Seconde, sciences économiques pour tous.
3- Changer de série en fin de Première sera possible.
4- Renforcer la Série L.
5- Priorité aux langues vivantes.
6- L’histoire-géographie en vedette.
7- Le bac reste immuable.
Depuis notre AG vous avez sûrement lu plusieurs articles à ce sujet et pu voir que ces objectifs apparents sont décriés par certains : ainsi les historiens ne comprennent pas très bien comment la suppression de l’histoire-géographie en classe de Terminale S peut être le reflet de « L’histoire-géographie en vedette ». En effet, même si l’on considère que cette discipline sera mieux dotée en Première (4h au lieu de 2h30 maintenant), l’économie réalisée sera de 30 mn par semaine sur la dotation globale des Premières et Terminales S de tout le pays. Ce n’est certes pas négligeable, mais ce n’est pas une mise en vedette de la discipline.
Lors de l’AG je me suis attachée à analyser les dispositions qui concernent les langues vivantes, puisque nous sommes directement concernés.
Voici les objectifs affichés (les consulter en ligne) en langues vivantes :
1- Les enseignements sont dispensés en groupe de compétence
2- L’enseignement en langue étrangère est largement développé
3- La Série L renforce ses débouchés professionnels à l’international
4- Chaque établissement noue au moins un partenariat avec un établissement étranger
Qui peut être radicalement opposé à de tels objectifs ? Personne ou presque, mais la réalité est fort différente de ce discours adressé à une opinion publique sensibilisée au problème de l’apprentissage des langues vivantes en France.
Si les parents pensent qu’enfin on va développer les langues vivantes en France, ils vont être fort déçus. En effet, l’objectif « les enseignements sont dispensés en groupe de compétence » est quasiment impossible à mettre en œuvre. Cela suppose que les élèves puissent changer de groupe en cours d’année (plusieurs fois s’ils progressent vraiment ?) et qu’ils puissent être dans des groupes de niveau différent selon les différentes compétences linguistiques. Autant dire que c’est la quadrature du cercle et que les langues à faible effectif ne seront pas concernées.
« L’enseignement en langue étrangère est largement développé ».
On proposera des enseignements d’autre discipline en langue étrangère « chaque fois que cela est possible ». Ce n’est pas très incitatif… Sont mentionnés aussi l’usage des TICE et une meilleure reconnaissance des connaissances linguistiques de chaque enseignant. Nous sommes malheureusement loin du plan de développement et de diversification des langues vivantes que nous appelons tous de nos vœux.
Globalement les enseignements de langues restent à peu près dotés des mêmes horaires, toujours aussi maigres : 5h30 par semaine (soit moins de 3h pour chaque langue) en Seconde avec la possibilité de commencer en plus en tant qu’enseignement de spécialité au choix une LV3 à 3h, 4h30 en Première et 4h par semaine (soit 2h pour chaque langue) en TS et ES avec toujours la possibilité pour les L d’avoir une LV à 3h par semaine ou un approfondissement en LV1 ou LV2. Tout le monde sait que pour une langue telle que le russe, même ces horaires-là ne sont pas toujours respectés et que nos élèves ont généralement moins d’heures que dans les autres langues.
« La Série L renforce ses débouchés professionnels à l’international ».
La nouveauté est l’introduction d’un enseignement de littérature étrangère en langue étrangère dans le cadre des enseignements de spécialité au choix.
« Chaque établissement noue au moins un partenariat avec un établissement étranger ».
Tous les projets de partenariat demandent un financement… Or nous savons tous que ces financements de l’Etat se sont taris ces dernières années.
Nous sommes donc globalement très déçus par ce projet de réforme qui ne se donne pas les moyens de ses buts affichés et si nous constatons avec un certain soulagement que la situation en langues vivantes ne devrait pas beaucoup changer.