Un article de Brigitte Perucca paru dans Le Monde du 18.03.10 sous le titre « Un monde sans interprètes ? » fait état d’une pénurie d’interprètes qui s’annonce pour les années à venir. Les institutions internationales s’inquiètent de cette situation qui touche l’ensemble des langues utilisées par celles-ci. L’auteur cite les propos de Marc Benedetti, directeur général de la DG interprétariat à la Commission européenne : environ 40 % des 600 fonctionnaires interprètes, toutes langues confondues, embauchés dans les années 1970 partiront à la retraite d’ici à dix ans. Shaaban M. Shaaban, secrétaire général adjoint chargé de la gestion des conférences à l’ONU, ajoute que la concurrence est devenue plus vive avec le privé, « qui recrute beaucoup de ces professionnels ».
Les Nations unies emploient 230 interprètes dans six langues (anglais, français, arabe, chinois, espagnol et russe) travaillant dans différents sièges : New York (la moitié), Genève, Vienne et Nairobi.
Au sein des institutions européennes, la tendance est la même pour plusieurs langues comme l’italien, l’allemand, le néerlandais et surtout l’anglais, qui connaît la pénurie la plus grave. La Commission européenne prévoit de recruter 200 interprètes de conférence de langue française au cours des dix prochaines années ; d’ores et déjà, Bruxelles doit faire appel à « 200 à 300 interprètes free-lance par jour pour assurer 50 à 60 conférences », dans les 23 langues officielles des 27 Etats membres.
Cette pénurie est en partie due à l’idée selon laquelle l’interprétariat est devenu inutile dans un monde où tout le monde parle anglais, qui limite l’intérêt des jeunes pour les écoles spécialisées. Or, c’est un métier exigeant qui nécessite une formation de qualité, car seuls 30 % des étudiants réussissent les concours d’admission des grandes institutions internationales telles que les Nation unies, comme le signale Marie Mériaud-Brischoux, directrice générale de l’Institut supérieur d’interprétation et de traduction (ISIT). Afin de permettre aux étudiants des écoles d’interprétariat de mieux se préparer aux concours de recrutement du personnel linguistique, l’ONU a signé, début mars, des mémorandums avec 16 écoles d’interprétariat dans le monde, dont quatre forment des interprètes de langue française - l’ISIT, l’Ecole supérieure d’interprètes et de traducteurs à Paris, mais aussi les écoles d’interprétariat de Genève en Suisse et de Mons en Belgique.
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