Chers Adhérents,
L’évolution de la situation dans le Secondaire est toujours aussi préoccupante pour la langue russe. Chaque situation locale a sa spécificité mais le dénominateur commun est bien évidemment la nécessité pour l’État de faire des économies. On peut le comprendre : depuis des années, au moins deux décennies, l’État emprunte pour payer tous ses fonctionnaires les trois derniers mois de chaque année...
La DGH est donc en baisse générale, mais pas partout il est vrai. Plusieurs disciplines, les langues en particulier, comme l’italien et le russe, se voient donc amputées de quelques heures, ce qui suffit dans certains collèges pour menacer l’existence même du poste. Souvent la baisse est justifiée par le faible nombre d’élèves inscrits en LV3 sur trois ans, ou tout simplement par la baisse générale du nombre de collégiens dans un secteur, entraînant la fermeture de plusieurs Quatrièmes, et par contrecoup fragilisant le russe.
Tout cela nous pouvons le comprendre. Là où les choses sont difficilement compréhensibles, c’est lorsque le russe et son professeur se heurtent à un tir de barrage de l’administration du collège et lycée (refus de dérogation, refus de faire passer l’information, etc), alors que les effectifs des années précédentes étaient très honnêtes et « pérennisables ».
Il est cependant des cas qui laissent pantois : comme celui de la cité scolaire Marie-Curie de Sceaux, où ce sont les parents d’élèves de la FCPE qui ont exigé de l’administration la fermeture d’une Sixième avec russe première langue qui recrutait très largement en dehors du secteur et était donc accusée par eux de « participer à l’assèchement des établissements voisins par le jeu des dérogations » ! La proviseure a résisté, avec succès pour l’instant, recourant à un argument que nous connaissons bien : « La diversité des langues fait partie de l’image de Marie-Curie, où sont par exemple enseignés l’hébreu, le russe, l’italien. » (Voyez à ce sujet l’article dans le site du « Monde », daté du 11 mai 2012 : « Ces parents d’élèves qui se battent pour une suppression de classe »).
Les collègues des collèges et lycées peuvent en tout cas compter sur le Bureau de l’AFR, sur le président, pour intervenir très vite auprès des autorités de tutelle, sur la base d’informations aussi complètes, précises et objectives que possible.
Le dernier CA du 12 mai a fait un tour d’horizon et heureusement complété notre argumentaire : la diversité des langues, si elle est une bonne chose en soi, est aussi susceptible de donner des armes à la France pour soutenir son commerce extérieur, qui s’effondre. Connaître la langue et la culture d’un autre pays, c’est aussi savoir vendre chez lui : à preuve, si la Logan de Dacia/Renault a fait un tabac en Russie et dans les pays d’Europe centrale et orientale, c’est un échec cuisant en Inde où les goûts, les critères de choix, les moyens pécuniaires aussi sont très différents : la firme a échoué par méconnaissance de la culture, des mentalités et des attentes. Autre argument judicieux : étudier le russe, pour les élèves de nos jolies villes moyennes et petites de province, chacune douillettement installée au cœur d’une région elle-même pleine de charmes qui retiennent et enserrent, c’est aussi une formidable ouverture au monde, un « outil de désenclavement » personnel, donc de réussite professionnelle incontestable.
Celui qui bouge et s’expatrie est gagnant sur toute la ligne, celui qui reste à l’ombre de ses chères montagnes ou dans ses plantureux vignobles, prend le risque de stagner, voire de régresser. Sans être une loi d’airain, c’est en tout cas une tendance. Chacun l’illustrera d’exemples pris autour de lui, dans sa génération et dans celles de ses élèves et étudiants.
Vous trouverez dans ce numéro 55 du « Bulletin » de nombreux comptes-rendus qui vous informeront de manière complète et détaillée sur les Olympiades, les plans de la Revue Russe, dont le Comité de rédaction a établi un comité de lecture et fixé un plan d’édition quasiment quinquennal, puisqu’il la mènera jusqu’en 2015 avec le numéro 45, le dernier CA du 12 mai, le Congrès de Bordeaux (dossier d’information et d’inscription joint), le nouveau Concours que l’AFR lancera début septembre sur Internet à destination de TOUS les élèves du Secondaire, collégiens et lycéens.
Je me contenterai de vous annoncer d’autres initiatives :
Le CA a décidé d’inviter l’ambassade de Russie et le Centre Culturel de Russie à Paris à son Congrès de Bordeaux (partie colloque du 17 novembre). C’est bien le moins, après la belle réception que l’Ambassadeur en personne a réservée en mars dans sa résidence privée aux 100 élèves participants au troisième tour des Olympiades et aux professeurs du Comité des Olympiades.
Le CA m’a chargé de rédiger une lettre au nouveau président de la République et une autre lettre au nouveau ministre de l’Éducation nationale. Ces deux lettres, qui seront envoyées fin juin, seront l’objet d’ici là d’une rédaction collective avec les membres du CA et seront ensuite, en temps voulu, diffusées dans la Liste et dans notre site. Je demanderai à ce que l’AFR soit reçue par le cabinet du ministre.
Boris Czerny, responsable des Doctoriales de l’AFR II, à l’automne 2013, a choisi son thème : « Le populisme : servir le peuple ou s’en servir ? », reprenant une idée de Michel Niqueux pour une rencontre dans une librairie littéraire.
Enfin, sachez que les seize grandes entreprises françaises cotées au CAC 40, auxquelles j’avais adressé une demande d’aide financière ciblée pour les Olympiades, soit ont répondu négativement, soit n’ont pas répondu.
Avant « la sortie », donc avant le 14 juillet, vous devriez recevoir, si tout se passe bien, le numéro 38 de La Revue russe, consacré à la perestroïka.
Je vous donne donc rendez-vous le 17 novembre à Bordeaux pour les grandes retrouvailles des russisants de France et de Navarre. N’oubliez pas d’ici là de régler votre cotisation à l’AFR..
Chers Collègues du Secondaire, n’hésitez pas à me faire part des mauvaises nouvelles (directement à mon adresse électronique personnelle). Des bonnes aussi d’ailleurs : elles mettent du baume dans le cœur. Je ne suis pas de bois.
Même si la chaleur tarde à venir, je vous souhaite une très belle et longue saison chaude !
Très cordialement,
Philippe Comte
Paris, le 22 mai 2012