Il me faut ouvrir tristement ce premier bulletin à une seule voix en annonçant la disparition d’anciens adhérents et collègues, bien connus de beaucoup d’entre nous : Guy Verret, qui fut traducteur et professeur puis directeur du département d’Etudes slaves de Bordeaux, Jacques Gonneau, qui fut Inspecteur Pédagogique Régional de russe à Bordeaux, et José Johannet, slaviste bien connu des universitaires et brillant traducteur de Soljénytsine. Quelques lignes dans ce numéro, pas assez bien sûr, leur rendent hommage, évoquent leur souvenir, font découvrir à ceux qui ne les ont pas connus ce que nous leur devons.
Tous avaient bien connu la Maprial, l’Association internationale des professeurs de langue et de littérature russe, haut lieu de rassemblement des russisants au-delà des clivages idéologiques. Comme à l’unisson de leur disparition, elle a mis fin à l’une de ses activités les plus appréciées, ses traditionnelles Olympiades de russe qui, depuis des décennies, réunissaient élèves et professeurs du secondaire. Sans explication, la XIIIème, qui avait débuté en 2012, s’est arrêtée au troisième tour, et le quatrième tour n’a jamais été organisé. L’AFR s’est vu proposer de participer à une autre olympiade à l’organisation et aux buts bien différents, dans laquelle ni le Ministère de l’Éducation Nationale, ni l’AFR n’auraient de rôle à jouer.
L’intérêt des élèves, leur curiosité pour la Russie est, lui, toujours bien présent. En a témoigné le succès du concours « Ma Russie », organisé par l’AFR dans le cadre des manifestations de « 2012, année de la langue russe en France et de la langue française en Russie ». Il était ouvert aux élèves, russisants ou non, du secondaire, mais aussi du primaire. Alors que les médias décrient le niveau de français des élèves, la qualité littéraire des textes a plus que surpris le jury, de même que la participation des garçons à l’exercice. Si beaucoup de filles restent encore intimidées par les disciplines scientifiques, l’écriture est aussi le fait des garçons, le palmarès en témoigne. Grâce au soutien de la Manufacture impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg, du Centre russe pour la science et la culture de Paris et … de l’AFR, les lauréats ont reçu une belle pile de cadeaux variés, qui, à en juger par leurs réactions, les a ravis. Merci à tous ceux qui ont assuré l’organisation et la réussite du concours, merci au collège-lycée Stanislas de Paris qui nous a ouvert ses portes et permis d’organiser une très sympathique soirée de remise des prix aux lauréats, entourés de leur famille.
Toujours dans le domaine des manifestations, les Doctoriales 2013 sont désormais bien lancées. Elles se dérouleront à l’université de Caen sous la houlette du professeur Boris Czerny le 18 décembre prochain. Les doctorants de diverses disciplines y débattront d’une des grandes questions de l’histoire, de la littérature, de la sociologie, de la science politique russes : « Servir le peuple ou se servir du peuple ? » Les actes de cette journée qui a pour but de permettre à de jeunes chercheurs de faire connaissance et de pratiquer un exercice de pluridisiciplinarité seront publiés dans la Revue russe.
La Revue Russe est notre instrument de diffusion scientifique. Sous la houlette solide et rigoureuse de son comité de lecture et de sa rédactrice en chef, elle offre aux universitaires un lieu de publication. La qualité des derniers numéros a attiré l’attention de plusieurs media (papier et internet) qui en ont présenté de louangeuses recensions. C’est la plus belle des récompenses pour sa rédactrice et son comité de lecture, pour les organisateurs des colloques et leurs intervenants. C’est aussi la confirmation que le choix, difficile en son temps, de l’orientation universitaire de la revue fut judicieux. Grâce à elle, l’AFR assume brillamment l’un de ses objectifs, la diffusion des connaissances sur la Russie. En termes administratifs, la vulgarisation scientifique, qui est l’une des innombrables tâches du travail des universitaires que leur enjoint le Ministère. La Revue remplit ainsi une autre de ses fonctions, soutenir la carrière des enseignants. Bravo donc à toute son équipe pour cette belle réussite, à nous tous de la soutenir. Décision a été prise de présenter un dossier pour sa mise en ligne sur le site Persée. Que se rassurent ceux que la lecture sur écran rebute, la version papier restera. Mais les chercheurs cherchent aujourd’hui en ligne et la présence de la Revue russe sur la toile ne pourra que contribuer à élargir son lectorat et sa réputation.
Notre autre publication, le Bulletin, achève avec ce numéro sa mutation. Quittant son enveloppe papier, il s’envole vers les ondes et circulera désormais sur les fils des réseaux. Nouvelle étape, nouvelle jeunesse… Nouveaux articles aussi qu’attend de nous son rédacteur. La Revue étant désormais bien ancrée dans son rôle de publication scientifique, elle serait heureusement complétée par un Bulletin tourné vers les expériences pédagogiques, les récits de voyage ou d’autres activités que vous avez organisées avec succès et souhaitez faire connaître. Les professeurs ne sont pas nombreux, souvent isolés, alors que c’est du partage, de la confrontation que vient la créativité, si importante pour notre discipline. Toute entreprise réussie peut donner des idées à d’autres, chacune et chacun d’entre nous sait présenter son travail. N’hésitez donc pas à raconter vos succès. Toute notre confiance et nos plus vifs remerciements vont à son rédacteur sans lequel il n’existerait pas.
Ces remerciements appuyés ne sont pas fortuits. L’AFR reste en effet confrontée à des difficultés récurrentes qu’il conviendrait de résoudre, difficultés financières et manque de bras.
Comme vous le savez depuis la dernière assemblée générale, ce sont les difficultés financières qui ont fait opter pour une édition électronique du Bulletin. Les cotisations sont notre seule source de revenus. Il faut donc augmenter le nombre d’adhérents alors que celui des professeurs de russe, notre vivier traditionnel, diminue. Appel est lancé à toutes celles et à tous ceux qui ont des compétences en marketing ! Une remarque ici sur les cotisations. Comme nos assemblées générales se tiennent à l’automne, quelques semaines après la rentrée scolaire, beaucoup règlent à ce moment-là leur cotisation et pensent être à jour pour l’année à venir, oubliant que la vie des associations relève de l’année calendaire et non de l’année scolaire. Notre trésorier a la tâche peu gratifiante d’appeler et de rappeler les membres à cotiser en début d’année calendaire. Ne vous offensez pas de son éventuelle insistance, toujours fort courtoise d’ailleurs et comprenez bien que verser sa cotisation au moment requis simplifie considérablement sa tâche. Il est l’un des piliers de l’AFR, ménageons-le !
Actuellement, les tâches régulières inhérentes à une association tout comme l’organisation des manifestations spécifiques reposent sur, réellement, une poignée d’entre nous, dont de nombreux « cumulards » involontaires. La disparition des olympiades laisse, par exemple, un vide que certains souhaiteraient voir comblé. De mon point de vue, une réflexion sur cette question pourra être entamée le jour où de nouvelles forces auront apparu. Je lance donc dans ce bulletin un troisième appel à tous les lecteurs de ce bulletin, et en particulier aux plus jeunes d’entre eux, pour qu’ils prennent une part active à la vie de l’AFR : chacun a des talents, ils sont tous les bienvenus, et plus nombreux nous serons, plus légères seront les tâches.
Armelle GROPPO
présidente de l’AFR
Bulletin N° 57 - juin 2013