L’interview qui suit est extrait de l’article Collections russes des Chroniques de la BnF d’avril 2005 parues à l’occasion du salon du livre à Paris dont la Russie était l’invité d’honneur. Le dossier complet est accessible ci-dessous au format PDF.
Une longue relation intellectuelle et littéraire a uni la France et la Russie, où pendant une très longue période le Français a été la seule langue parlée par les élites russes. Une relation faite d’attirance, de détestation, d’incompréhension et aussi de passion pour ce grand pays mystérieux.
Des auteurs des deux pays, épistoliers, voyageurs ou écrivains émigrés, se sont faits le miroir de cette fascination. Les collections de la BnF en conservent la trace.
Les collections russes à la BnF
Propos recueillis par Martine Cohen-Hadria
Valentine Besson est chargée de collections, responsable du secteur russe à la BnF. En écho au Salon du livre 2005 dont l’invitée est la Russie, elle a travaillé à une bibliographie sur les traductions françaises des œuvres littéraires des auteurs russes du XXe siècle, tout en préparant une présentation, site François-Mitterrand, en hommage à la générosité de Nikolaï Dronnikov, un artiste qui a fait don d’une centaine de documents à la BnF.
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Ch. : Pour une première approche de la littérature russe, quel itinéraire conseillez-vous dans le fonds en langue et littérature russes du site François-Mitterrand ?
V. B. : Constituées depuis 1993, nos collections en libre accès, qui complètent notre fonds de quelque 155 000 volumes en magasin, ont été réparties sur deux niveaux. Pour une première approche, la Bibliothèque d’étude du niveau Haut-de-Jardin propose en salle G (Littératures étrangères) 3 500 volumes offrant une image représentative de la littérature russe, présentée par corpus d’écrivains classiques. Nous avons mis l’accent sur le XXe siècle, avec une sélection significative d’auteurs soviétiques comme d’auteurs en exil, notamment en France. Le visiteur trouvera pratiquement toutes les traductions disponibles, et parfois plusieurs traductions d’un même texte, pour permettre des études comparatives, ainsi que des œuvres d’auteurs contemporains confirmés, avec leur traduction française.
Ce fonds s’adresse aussi bien à un large public qui souhaite lire des traductions de textes littéraires qu’aux étudiants, aux professeurs et traducteurs. Nous proposons aussi des ouvrages de référence en généralités et un fonds de base en linguistique, avec des dictionnaires, des grammaires, des études françaises sur la langue, etc.
Ch. : L’histoire du fonds russe à la BnF est ancienne...
V. B. : Oui, et la collection russe de la BnF est reconnue comme la plus riche et la plus variée de toutes les collections russes des bibliothèques françaises (2). Pour résumer, je dirai qu’au début du XVIIIe siècle, quelques ouvrages russes figuraient déjà dans la Bibliothèque du Roi. De fructueux échanges de publications entre la France et la Russie ont été établis sous Pierre Le Grand, plus précisément depuis 1725, année de la création de l’imprimerie utilisant les caractères "civils". Catherine II a poursuivi l’action de son prédécesseur. Au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, ces collections ont été régulièrement alimentées par des achats et par des échanges avec des écrivains et de grands établissements académiques et scientifiques. Une rupture des relations culturelles est survenue en 1917, lors de la Révolution d’Octobre, puis de la guerre civile. C’est seulement en 1946 qu’elles ont pu reprendre et qu’un service russe a vu le jour à la BN. Le fonds actuel, à caractère encyclopédique, réunit livres et périodiques. L’ouvrage le plus ancien est une Bible imprimée en 1581 à Ostrog par Ivan Fedorov, premier imprimeur russe. Ce fonds recèle aussi des documents précieux comme les premiers journaux publiés par Novikov ou les premières et secondes éditions de Soumarokov, Pouchkine, Krylov ou Dostoïevski. Le service russe a, depuis sa création, déployé des efforts continus pour combler les lacunes du début du XXe siècle et de l’entre-deux-guerres.
Et une collection remarquable de l’avant-garde littéraire russe (1905-1930) a pu être constituée.
Ces imprimés de grande valeur sont conservés au département de la Réserve et des Livres rares de la BnF. .../...
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