Krasnoïarsk - Parc naturel "Stolby" - Photo : Elena Jourdan Le lac Seliguer, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. La Moscova et la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, depuis le parc Gorki. Photo Philippe Comte, été 2004. Lac Baïkal : lieu chamanique sur l'île d'Olkhon - Photo : Elena Jourdan Le cours du Ienissï, dans les monts Sayans - Photo : Elena Jourdan Isba - village de Koultouk - lac Baïkal - Photo : Elena Jourdan Lac Baïkal - île d'Olkhon - Photo : Elena Jourdan Paysage typique - Sibérie- Photo : Elena Jourdan "Entrée dans Jérusalem" (fresque) - Exposition au monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan La tombe de Chaliapine - Cimetière du monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan Près d'Ekatérinbourg, le mémorial à la famille impériale. Photo Elena Jourdan
Un village dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Une église dans la région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. "Na prestole" (fresque) - Exposition au monastère Novodevitchi, Moscou - Photo : Elena Jourdan Isba - Krasnoïarsk - Photo : Elena Jourdan Entre Moscou et l'Oural, vue du train. Photo Philippe Comte, été 2004. Un lac dans les Sayans - Photo : Elena Jourdan Isba restaurée - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Paysage de Khakassie - Photo : Elena Jourdan La place centrale de Torjok, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004. Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan Le monastère de Torjok, région de Tver. Photo Philippe Comte, été 2004.

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La Revue russe 61 - Résumés des articles

mercredi 27 décembre 2023, par Sylvette Soulié


Mathilda Salières
Du bagne tsariste au bagne anti-utopique : chemins de résistances
Les auteurs russes Anton Tchékhov et Edouard Verkine ont chacun rapporté leur vision du bagne de l’île de Sakhaline. Si le premier a publié un récit de voyage, véritable travail d’enquête sur les conditions de vie des relégués, le second en a fait un récit de science-fiction qui relève de l’anti-utopie. Tous deux révèlent en réalité les multiples mécanismes de résistances qui se jouent en ce lieu reculé, des résistances physique et psychologique des individus aux résistances symboliques de l’espace insulaire. Surtout, l’étude comparée des deux œuvres témoigne de la permanence de ces mécanismes et permet ainsi d’identifier le bagne sakhalinien comme un chronotope à la dimension exotopique. Elle conduit, en outre, à confirmer la perspective résistante du genre de l’anti-utopie.

Agnès Calladine
Résister par le témoignage : valeur documentaire et enjeux esthétiques dans La guerre intestine de M. Volochine
Le poète Maximilian Volochine (1877-1932) a passé en Crimée l’essentiel des années de la guerre civile et de la Terreur rouge (1919-1922), qu’assombrissait encore l’effroyable famine de 1921-1922. En réaction à la catastrophe, il a composé «  à chaud  » douze poèmes réunis dans le cycle La guerre intestine [Усобица]. À côté de poèmes à caractère plutôt philosophique ou historiosophique, cinq poèmes se présentent comme d’authentiques témoignages sur les atrocités en cours et les souffrances endurées. Volochine se présente lui-même comme un témoin engagé à être aussi impartial que compatissant. Notre article vise d’abord à examiner comment cet engagement de l’auteur a influé sur la conception des poèmes-témoignages. Il vise aussi à explorer la valeur documentaire de ces œuvres et surtout, à étudier les choix esthétiques du poète et les procédés qu’il utilise pour transformer des faits bruts terrifiants en concentrés de tragédie. Les poèmes-témoignages de Volochine, ainsi que La guerre intestine dans son ensemble, ont soulevé l’enthousiasme quasi-unanime des contemporains. Dans le contexte répressif des années post-révolutionnaires, ils constituent un acte de résistance morale d’une valeur exceptionnelle.

Alice Parutenco
L’expression philosophique comme moyen de résistance dans les œuvres de Gustave Chpet et d’Alekseï Lossev.
À l’appui des textes sur l’art du théâtre et de la musique
L’article représente l’œuvre philosophique de Gustave Chpet et d’Alekseï Losev comme un refuge contre l’oppression dictatoriale du régime soviétique. Les deux philosophes posent une base à leur œuvre en 1914, quelques années avant la révolution de 1917. Or, la mise en place d’un régime dictatorial les oblige à modifier leur écriture afin de préserver les idées philosophiques menacées de censure. Ils recourent alors à des procédés rhétoriques complexes, comme des couches théoriques multiples et la création des concepts nouveaux, incompréhensibles au lecteur lambda. En effet, il est impossible de comprendre les textes des années 1920, si l’on méconnaît l’œuvre antérieure (1914) de ces deux auteurs. Notre tâche consiste alors en une herméneutique de l’œuvre, mettant au jour les ressorts cachés de ces textes, afin d’en proposer une clef d’entrée au public français.

Laure Thibonnier
Stratégies de résistance au récit héroïque du siège de Léningrad chez Lidia Guinzbourg
Le présent article met en perspective, d’une part, les stratégies narratives et représentatives du récit héroïque du siège de Léningrad dans la littérature soviétique, et celles déployées par Lidia Guinzbourg pour produire une représentation alternative du siège. Deux récits de l’auteure, «  Une histoire de pitié et de cruauté  » et les Notes d’un assiégé, sont confrontés à trois textes postérieurs, Je vous rejoindrai aux cieux de Radiï Pogodine, Les petites filles du siège de Karina Dobrotvorskaïa et La ville volée de Ioulia Iakovleva, afin d’esquisser une typologie poétique des textes offrant au lecteur une représentation du siège de Léningrad alternative au récit héroïque dominant.

Elizaveta Kamenskaya
Le corps en résistance à l’idéologie soviétique dans l’œuvre de Vladimir Vyssotski
Cet article examine les représentations du corps dans l’œuvre de Vyssotski afin de montrer qu’à travers les sujets lyriques présentés s’exprime une parole poétique alternative, voire résistante. L’accent est mis sur les chansons sur le sport, la prison et l’hôpital. Dans ces trois domaines, les personnages se trouvent confrontés à l’idéal soviétique, qu’ils peinent à atteindre ou contre lequel ils se dressent de manière frontale. Le genre de la chanson à texte apparaît comme particulièrement propice à l’émergence de cette voix non officielle : la forte interaction avec le public, l’héritage de la tradition orale populaire, la dimension théâtrale, le jeu sur les rôles sont autant d’éléments qui rendent possible l’expression d’une parole libérée.

Sylvia Chassaing
Artistes contestataires dans l’espace public postsoviétique : formes et évolution de l’actionnisme moscovite
Si on a pu voir des actions artistiques dans l’espace public dès la période soviétique (les «  Actions collectives  » d’Andreï Monastyrski par exemple), elles s’adressaient avant tout à un public constitué d’amis et de gens qui partagent un même rapport au régime en place (les «  svoi   » dont parle Alexeï Yurchak). Dans la période immédiatement postsoviétique, ces actions artistiques se multiplient, s’adressent désormais à un auditoire qui dépasse le cercle des intimes et adoptent un propos ouvertement politique qui paraissait impossible auparavant. L’actionnisme moscovite est alors le symptôme d’un rapport nouveau entre les artistes et le pouvoir politique. Cet article se propose de montrer comment l’évolution formelle de l’actionnisme moscovite constitue à la fois un mécanisme d’adaptation et une quête éthique, dans laquelle l’art viserait à produire un contre-modèle social et politique.

Kristian Feigelson ET Jarmo Valkola
Documenter, filmer et voir le Goulag
Comment représenter la question du Goulag dans l’ex-URSS et en Russie aujourd’hui ? Si de nombreux ouvrages ou études ont pu décrire la réalité du quotidien dans les camps soviétiques, très peu de films ont réexaminé leur histoire ou pu présenter leurs réalités visuelles. Sans doute en grande partie, du fait que le Goulag est resté une appellation administrative, un acronyme, effaçant depuis toutes les traces concrètes des camps (à la différence du système nazi) dans l’histoire, malgré le travail effectué par Memorial. Quelques rares documentaires, des films de fiction ou séries télévisées basées sur des récits ou œuvres littéraires ont été produits dans l’ex-URSS, mais aussi à l’étranger. Cet article examine les paradoxes qui ont traversé toute la société postsoviétique, clivée entre une mémoire impossible et un imaginaire recréé des camps.

Amine Afellous
Film et contre-film : Deux adaptations de Taras Boulba (2009), témoins de la guerre culturelle russo-ukrainienne
Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les deux dernières décennies ont été le théâtre de nombreux épisodes témoignant du désir russe de faire entrer l’Ukraine dans son giron, militairement, politiquement mais aussi culturellement. Cet article est l’occasion de mettre en lumière les deux adaptations du roman de Nicolas Gogol, Taras Boulba réalisées en 2009 en Ukraine et en Russie au moment du bicentenaire de la naissance de l’auteur. Ces deux projets rivaux permettent d’analyser la résistance culturelle ukrainienne à travers la mise en place d’un contre-récit de l’histoire des Cosaques zaporogues la production ukrainienne. Il s’oppose au discours slavophile qui représente les Zaporogues comme le modèle ukrainien du patriotisme russe, relayé par le film de Vladimir Bortko.



Isba restaurée - Irkoutsk - Photo : Elena Jourdan


Éditeur du site : Association Française des Russisants
Directeur de publication : Sylvette Soulié, Présidente de l'AFR
Webmestre : Sylvette Soulié